Voyage en quelques actes ou comment en cherchant l'étranger, nous rencontrâmes une petite sirène

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(les photos 2 et 5 sont à agrandir)  

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Soir. Marée du ciel jaillissant de l'ombre, la nuit, décimant les ombres, le jour. Mille voix accompagnent la puissante descente. Les nuages s'effilent dans le ciel. Rouges les champs de craie. Illusion solaire qui laisse son empreinte de chaleur dans le corps gavé.

Passages : mots entendus : C'est beau la mer, tu crois que les vaches le ressentent ? La mer, les falaises... savent-elles seulement que la terre est ronde ?

Et nous, qu'ignorons-nous ? Rumination de l'ignorance, parfum haleine-fétide, déchaussement de pensées anémiées, trop bien ancrées, jusqu'à ne plus le voir, dans leurs socles de certitudes. Ne fait-on qu'empiler les manques ? Doute au-dessus du pré, je ne connais pas le nom des fleurs, alors comment les tutoyer ? comment savoir les reproduire ? ne pas les oublier ? Je ne connais pas le nom de ce sentiment qui me regarde, avec une étrange tache de lumière noire dans l'oeil. Impair passe et manque. Ou ne manque pas. Qu'en sais-je au juste, puisque je ne sais plus cela ? cela quoi ? Les jours les heures les secondes, la taille des choses est sans signification. Leur nombre oui. Il y a longtemps longtemps que je suis partie. Les autres vont et viennent, nous vieillissons ensembles, parfois c'est plus compliqué que ça. Lorsque je les efface, et que tu réapparais, étranger. Toi et ton silence omniprésent que je n'attends plus que tu rompes, que je n'espère pas que tu rompes. Les éphémères ne vivent pas longtemps, la vie pourtant.

Une note longue, puissante. Alarme ? Sirène d'incendie. C'est l'horizon qui nous revient brusquement, implosion. Nous sommes de nouveau tous réunis, on ne rigole pas avec le feu. Cessez donc ce vacarme de points d'interrogation, ils mangent l'air, cet air si rare en ce moment. C'est peut-être juste une douche ? dit l'un d'entre nous. Ou peut-être juste quelqu'un qui joue de la clarinette ? Le souffle se raréfie, il s'épuise. Plus rien. Qui s'est retiré ? le bruit ? moi ? Ils sont tous là, comme devant un lit de mort, sauf toi, étranger. Tu m'attends autre part. Nous rions, ce n'était qu'un bruit de tuyauterie, pas la peine d'en faire la Une, pigiste. A moins de creuser le sujet.agrandir

 

La petite sirène éparpille des poèmes à la mer. Un peu, beaucoup, évitons la passion. Nous ne pourrons pas la ramener avec nous. A moins de ramener la mer. Ce langage qu'il nous faudra apprendre. Et d'abord inventer. Découvrir. Déterrer.

 

J'ai voulu cueillir un bouton d'or. Je voulais savoir si tu aimais le beurre, je voulais retrouver le geste de mon enfance. Fraîcheur du souvenir, à entretenir, comme tout ce qui ne sent pas la poussière. Naphtaline, mythes et légendes. Mettre la fleur sous ton cou, y voir le reflet de la lumière. Avoir de l'or dans l'oeil. Paillette de secondes. L'étranger a arrêté ma main. La fleur se balançait fièrement, ou pas, en haut de sa tige. Une si fine tige reliée aux entraîlles de la terre. Sous mes pieds la terre tremble un peu, seismes d'émotions, peuvent faire des dégâts, vous enterrer vivant. Seuls les enfants peuvent cueillir les fleurs des champs sans leur faire mal.

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