repères (journal de bord - juillet - 4)

 

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31 juillet : réorganisation de la page Père Lachaise, ajouts et retraits de photos. Je n'ai pas cherché les célébrités, plutôt l'oeuvre de la nature sur de vieilles sépultures. Au passage, j'ai tout de même rencontré La Fontaine, Molière et Pierre Desproges. A ma seconde visite, je fus surprise d'entendre si peu de chants d'oiseaux alors que c'est tout de même un coin de Paris assez verdoyant. ?

Rencontré ces mots de Sartre, au hasard d'une lecture, dans un livre d'Evelyne Londyn - Maurice Blanchot : "Le fantastique offre l'image renversée de l'union de l'âme et du corps : l'âme y prend la place du corps, et le corps celle de l'âme, et pour penser cette image nous ne pouvons user d'idées claires et distincts ; il nous faut recourir à des pensées brouillées, elles-mêmes fantastiques, en un mot nous laisser aller en pleine veille, en pleine maturité, en pleine civilisation, à la "mentalité" magique du rêveur, du primitif, de l'enfant. Ainsi pas n'est besoin de recourir aux fées : les fées prises en elles-mêmes ne sont pas de jolies femmes, ce qui est fantastique, c'est la nature quand elle obéit aux fées, c'est la nature hors de l'homme, saisie comme une homme à l'envers."

Et puis toujours au hasard d'une autre lecture, cette fois des mots d'Adrienne Monnier, à propos d'Henri Michaux : "Il se livre dans tous ses plis et replis et découvre en même temps la nature humaine, ou plutôt la nature dans l'humain. Avec quelle humaine épouvante il assiste au travail effarant de l'Inhumain. Avec quelle patience il entre dans la grande Impatience, les raisons tourbillonnantes de la déraison - la déraison qui prend tout le temps qu'elle ne nous donne pas. Il y a dans son oeuvre un grouillement, une diablerie qu'on n'avait pas vus depuis des siècles. Il faut remonter à Jérôme Bosch pour trouver quelqu'un qui lui ressemble - ressemblance extraordinaire à mon avis."

28 juillet : rien ne résiste au temps, il semble même avoir raison de la mort. Au cimetière du Père Lachaise, des tombes éclatées par des troncs d'arbres, la vie surgit. La nouvelle page de Promenades est silencieuse, faite de lumière et d'ombre.

Hier soir, un spectacle de danse, dans le cadre du festival Paris Quartier d'été. Une chorégraphie d'Odile Duboc, Projet de la matière. Dès que la scène est visible, le décor me plaît, on dirait une plage parsemée de galets, de rochers. Et les danseurs : des corps-marées, des algues humaines, des gouttes de pluie. L'intime fulgurant, pesant, vivant. Première fois que je vais à ce festival. L'avantage : scène en plein air, aux Tuileries (il y a d'autres lieux), et des places disponibles le jour même du spectacle. Quelques spectacles gratuits, voir le site.

27 juillet : Brassaï, la Tour st Jacques sous les échafaudages* - Zubrobzka** - Nadja*** - Polaroïd - un petit carnet écrit à l'encre verte - une montre qui marche à l'envers - hier et maintenant - Paris, ses rues - chat... autant de repères tirés d'un livre dans lequel je me plonge avec bonheur. Matière.

Petit jeu : le titre, l'auteur ? Bientôt, en ces lieux, la réponse, ne ratez pas notre prochaine émission.

(*j'ai retrouvé la photo dans Brassaï, de Jean-Claude Gautrand - ed. Taschen - ** pense-bête... - *** j'ai le livre depuis quelques mois (un an ?), pas encore ouvert, ne serait tarder.)

"J'ai toujours refusé de me spécialiser. J'ai toujours fait beaucoup de choses : photos, dessins, sculptures, films, livres... Finalement c'est aussi dur d'avoir beaucoup de talent, car chacun d'eux vous accapare... On ne peut agir que par alternance en suivant son instinct... Je n'ai pas peur de me disperser... Je veux être libre." Brassaï

26 juillet : voilà, le ménage est fait. La fresque et le récit sont maintenant accessibles depuis la page Graphichores et non plus à partir du sommaire.

25 juillet : 23 juillet 04, jour mémorable : 95 visites dans ma tanière, plus de 1100 pages vues, tout ceci en une journée, cela laisse rêveur... pensive. Si, si, je n'ai pas ces habitudes. J'eusse été avertie, j'aurais fait un peu de ménage. Bon, bon... en attendant, j'ai mis quelques photos de Paris-plage, je n'ai pas inclus le bruit, c'est plus reposant. C'est bien tout de même, pour ceux qui aiment tout ça, la plage, le monde, la chaleur, le miroitement de l'eau de la Seine, nous l'aimons, nous en prenons soin. Les enfants sont à la fête, de l'eau, à boire, à se mouiller, à s'humidifier, pour faire le bonheur des petits et des grands, du sable, des transats, des hamacs, du bleu, des jeux, une scène de concert, et même une bibliothèque. La dernière photo est une petite rue qui m'a fait signe, voyant que j'étais épuisée, c'est incroyable cette différence d'ambiance, juste de l'autre côté de la rue de l'Hôtel de ville. Le calme, pour le repos des sens affolés par tant de brouhaha, de promiscuité. Rue des Barres, je crois qu'elle s'appelle, cette petite rue. Qu'il faisait bon y passer. Un autre lieu de calme et de fraîcheur, la BPI, bibliothèque du centre Pompidou. Je crois que je vais en faire mes quartiers d'été. Première fois que j'y entrais, on s'y sens bien tout de suite, sans doute à cause de l'espace, du calme qui y règne. Et puis, en fouillant dans les rayons, c'est une mine d'or qu'on découvre. Julian Rios, un auteur, qu'on ne trouve pas facilement en librairie (librairie, traduire Joseph Gibert), et j'avais envie d'aller plus loin que le livre que j'ai emprunté à la petite (ah, tout de suite la folie des grandeurs) médiathèque de ma ville. J'ai donc feuilleté. Lu quelques pages. Peut-être faut-il aller plus loin dans Larva, tant de références culturelles. Mais peut-être trop de densité ? Aussi bruyant que Paris-plage, ou que Joyce, mais Joyce, c'est pas pareil. Bon, on verra on verra. Assise à une table, parmi les étudiants, disposés comme des mots-signes dans un livre, avec du vide autour, et du plein de signification dans le vide, comme l'autour des mots dit au-delà des mots. J'aime beaucoup ce lieu.

19 juillet : écriture, peinture, photo. Triptyque. Un peu d'eau, un peu d'encre, un peu de chlorophylle, et quelques photons, une fleur à cheval sur un papillon, ça n'existe pas ? et pourquoi pas ? Cela ferait un beau chapeau pour pensées printanières.

17 juillet : expression picturale... les mots se taisent, mais n'en pensent pas moins.

16 juillet : Ici, bifurcation. Tu dis, je peux choisir et ce mot sera le dernier que j'écrirai. Mots de ton vieux monde. Et puis. D'autres mots à naître. Différents. Faits de traits. Faits de sève. Faits de ta chair, nourrissant l'énergie de ton sang. Les choses changent indéniablement, on peut espérer que ce ne soit pas une illusion, on peut espérer qu'enfin tu te sois devenue. S'éloigne-t-on des autres ? Tu le dis, parce que c'est facile de le dire, facilité à exprimer une chose qui t'échappe, faire expression qui sonne faux, tu le sais. Car les choses se vivent plus qu'elles ne se disent. Les dire, c'est en faire un cinéma, non plus une réalité. Ce qui est moins facile, c'est de sortir de sa mue, abasourdie, comme si tu t'éveillais d'un coma. Cette porte là, enfin visible, que tu peux franchir quand tu le veux. Le mot éloignement n'y a pas sens, pourquoi cherches-tu toujours à t'attacher à des mots ? Tu le fais si maladroitement. Couperet. Pourquoi "bifurcation" ? Il n'y a aucune bifurcation, il y a juste cette porte sur ton chemin, ce monde derrière la porte, ta vision enfin ouverte comme une main prête à recevoir. Où sont mes autres ? Tout reprendre à zéro, maintenant. Va, apprends.

Et puis, il y a les pour quoi ? pour qui ?? Pourquoi te poses-tu ces questions ? qu'espères-tu qu'elles viennent combler ? crois-tu qu'elles puissent t'apporter réponse ? réponse à quoi ? à qui ? Si tu marches différemment, accepte-le, et apprends au moins à le faire avec grâce. Tout s'harmonisera. Etre une ressemblance ou un original, que préfères-tu ? Est-il besoin d'en faire un foin ? Est-il besoin de l'égosiller sur les toits d'une ville mirage ? Tu as déjà passé bien des paliers, et tu pourrais, maintenant, ressentir l'ivresse des profondeur, si tu lâchais la bouée qui t'empêche de partir dans le grand bleu. Regarde. Ecoute. Libère-toi.

Blablabla... Lorsque tu as du mal à prendre ta respiration, débranche.

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Où est le vide sur la fresque ? le plein l'a-t-il englouti ? ce serait faux de le penser. La fresque est-elle terminée ? A-t-on jamais fini d'écrire une histoire ? Bifurcation.

14 juillet : un petit pas de plus dans la fresque ? l'espace devient vraiment trop petit, pire il se remplit trop. Est-ce que cela veut dire que la fresque est terminée ? certes non, elle est loin de l'être, il y a toujours la possibilité de creuser, d'écoper, de jeter du lest... d'agrandir... Et ces fichus mots qui ne reviennent pas. Les mots existent-ils en moi ? ne sont-ils que des illusions ? mots = bulles éclatées. "A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu". Les voyelles noyées dans l'eau des bleus, il reste les couleurs. Quant aux consonnes... elles tintinnabulent dans le lointain couché. Derrière l'horizon, parait-il. Il ? ahahahaa, béhéhéhé, céhéhéhé, déhéhé, efg hijklmno... lalalalalala LALALALALALA lalalaaaala x iigrec et z.

11 juillet : la fresque devient bien lourde (179 ko), il va falloir que je diminue sa taille, ou que je présente les choses autrement. Aujourd'hui, musique et danse au programme. Jeu de théâtre, on s'éloigne des origines. Le temps passe.

7 juillet : mise en place de 6 photos de bord de mer (entre Fécamp et St Valéry en Caux) sur la page promenade.

Aquarelle, j'ai acheté un pinceau et du papier.

4 juillet : la fresque avance à petit pas, je ne sais pas où elle me mène, c'est ce qui me plait, ce pourquoi je la continue, tant que je la sens vivante. Par contre, d'autres pages commencent à se faire lourdes, je les laisse macérer un peu, peut-être feront-elles un bon compost ? que mettrons-nous à pousser ? de l'espace, ce serait bien.

Découvert un peintre-sculpteur, hier : Richard Texier, dans un très beau livre, auquel Daniel Pennac a participé. J'aime bien ce site, qui donne une idée d'un de ses ateliers et un peu de son travail. Quelle chance d'avoir un tel espace, et de si belles surfaces pour travailler.
(suite) Pennac s'est entretenu pendant une douzaine d'heures avec Texier, il donne les mots de son vocabulaire. Par exemple cette liste qui me plait beaucoup par son côté matière, très sensuel : "caillou, chair, chaudron, densité, eau, fibre, gluant, graisse, magma, masse, pâte, peau, tactile, toile, terre, texture, viscères..."

suite au 1er juillet : Bien sûr une suite, comment le temps s'arrêterait-il tant que ? C'est bon cette sensation d'absorption (qu'est-ce qui est absorbé, en quoi ?). Rassurant, n'est-ce pas ? (à quel niveau ?) Se sentir intégré au radeau univers. Il y avait un tableau hier, un tableau de Penone, on y voyait l'histoire de l'univers et la trame du cosmos (vous savez, cette pseudo toile d'araignée, invisible, p'tet bien ce qui constitue la masse manquante de l'univers ? - t'y connais rien - rien de rien, c'est vrai, mais les rêves vont parfois plus loin que les démonstrations scientifiques, je veux dire, en fait), ses racines (...). Nous, petit rien dans l'univers, et l'univers en nous (comme cette salle presque étouffante, symbole de l'espace respiratoire, avec feuilles de laurier (défense d'approcher) et poumons luminescents), accroché comme à une bouée de sauvetage. Oui, c'est une bonne sensation (elle hésite entre bien être et transcendance). L'un dans l'autre dans l'un dans l'autre l'un autre untre (.) Ne cherchez pas la sortie, il n'y en a pas. Tout est imbriqué, édifice intemporellement indestructible (ça, hein...). Tout ça partant d'un point d'origine qui s'étend qui s'étend (j'ai un rayonnement fossile tout à fait déplorable, je sais que ceci n'a rien à voir avec cela, mais il serait tend de s'en débarrasser, ne croyez-vous pas ? - personne ne le croit). Seul le souffle s'étend. Et quelque part dans le souffle, nous (nous, cet énorme nous qui va de soi à nous deux à la plus totale des pluralités). Entre souffle et racines. Où est l'arbre ? (l'arbre, vous savez bien, l'Arbre - définir l'arbre) au-dessus, en-dedans. D'eux nous (ça...). Pourrait-on enrouler le mouvement sur lui-même pour que dans un même temps il implose et explose et se forme le passage ? (le passage vers quoi ? souviens-toi, c'est l'histoire d'un astre d'une densité si forte que lorsqu'il mourut, il entraîna avec lui tout ce qui se trouvait à sa portée, mais ce n'est pas tout à fait ça ici, n'est-ce pas ? ce passage à trouver, n'est pas l'autre côté de la mort, mais bien celui de la vie). Mais où voudrais-tu aller, me demanderait l'étranger ? et il ajouterait, tu y es déjà. (détente) Les racines du cosmos sont plus emberlificotées que vous ne pouvez l'imaginer (tu parles à qui, là ? et que sais-tu de "leur" imagination ?"). ô labyrinthe... parfois on rencontre l'ombre de Mino, rien que son ombre, aucune preuve n'est faite de sa présence en un quelconque centre du labyrinthe, même si (et d'ailleurs aucune preuve qu'il y ait un centre)

"A qui ? à soi. Pour le reste, je vous embrasse." C'est là que la tortue est apparue. Revenue. Traînant son île. La fresque devient humide. Le sable, rêve de mur. Une brêche a dû s'ouvrir quelque part.

2 juillet : "écrire sur le sable", quelques essais que j'ai placés sur la page Graphichores (peut-être provisoirement). En voulant nettoyer la surface qui m'avait servie pour les photographies de galets sur sable, j'ai vu apparaître des formes. C'était trop tentant de les prendre en photos. On pourrait presque en faire un test de Rorchach.

1er juillet : Il est temps de tout effacer, dit-elle. Son monde, le mien, et les suivants. Y sommes-nous ? Il est tant, dit-il. Je ne vais pas recommencer. Tout mélanger, tu sais ? Il me regarde, l'étranger. Mais je ne peux le voir, je le sais. Il me parle, mais je ne peux l'entendre. Et pourtant, elle écrit ce que je lui dicte. Songes. Nos mains, l'une dans l'autre. Nos corps sont des mains. L'une dans l'autre. Il est en. En quoi sommes-nous ? De chair et de sans. C'est en nos manques que nous nous touchons le mieux. Quel est ce sens que nous utilisons et que nous ne savons nommer ? Si le mot existait... Elle m'appelle l'étranger. Je lui suis pourtant si familier. Effaçons-nous le blanc ou le noir ? le vide ou le plein ? toi ou moi ? eux ? effaçons-nous, écrivent les mains. Tout ne recommence jamais, parfois la spirale se fait plus perceptible, la roue est à jamais ouverte, c'est pourquoi il est si facile au temps de s'effacer.

(Bon anniversaire, un gros gros bisou)

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