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2005 : janvier 2005...

2004 : .juillet - juin - mai - avril

   

05 mars 05 :
Dans ce mot-onde.à devenir....
entrer
.
Trait - tracer - courber le corps dans les mots. 

 

 

 

Le temps arrêté
arrêt de mot
.

 attendre - tendre à

Une porte ouverte... une onde  .
Le corps (les corps) vibratoire du champ branlant 
Savoir rester là, dans l'onde, et bouter les apnées

.route de nuit.. ce qu'il faudrait écrire. Mais pourquoi et comment écrire ? L'écriture n'effondre-t-elle pas le dire ? Mots écrits se dissolvent d'eux-mêmes. .... Mais d'abord prendre les choses dans l'ordre, il y a cette balade à Dieppe, dimanche dernier, le ciel bleu, entre les cumulus, palette piochée dans celles de Watteau ou de Boucher. Des tempêtes de neige aussi lorsque le blanc du ciel se met à fondre sur nous. Pour un peu nous fondrions avec lui, nous nous fondons en lui, certes. ... Je ne me cache plus que j'ai plus à gagner à lire qu'à écrire. Les mots des autres déploient la pensée, les miens l'entortillent. N'écrivons-nous pas les mots des autres en les lisant ? ... Il y avait donc cette magnifique lumière d'hiver, à Dieppe, à Pourville, une lumière joueuse cisaillée par un vent glacial. La lumière ne jouait pas, elle crevait le bas du ciel pour se déposer sur la mer balafrée de lames blanches. ... les mots n'altèrent-ils pas le souffle ? nommer la chose, et elle s'émancipe, s'échappe, vous plonge dans l'oubli, vous laisse nu dans le sillage de vos propres expirations.

 

 

 

27 février : notes ou extraits du journal à s'écrire un jour. Un jour : extrait de l'enchevêtrement des periodes. Un jour, extrait d'un cahier vierge. Un jour perdu dans les fantasmes de l'avenir. Imaginaire perdu dans l'enfance, perdue dans l'imaginaire. Insondable. Trêve de commentaires, extraits : "Ecrire suspend l'arrêt de mort", écrivait Maurice Blanchot. Ce sont presque les premiers mots d'un livre : Ecrire, pourquoi ? quarante et un écrivains et poètes répondent à la question, ceci donne un premier livre aux editions Argol (à suivre...). Liste des écrivains : P. Beck, T. Beinstingel, P. Bergounioux, B. Chambaz, E. Chevillard, M. Deguy, P. Djian, A. Ernaux, J-M. Espitallier, P. Favier, E. Faye, C. Fellous, P. Forest, D. Garcia, C. Garcin, A. Gellé, J. Gracq, C. Guilbert, Y. Haenel, E. Jacquet, L. Janvier, F-Y. Jeannet, C. Juliet, H. Lucot, J-M. Maulpoix, M. Moreau, E. Nardon, P. Nizon, B. Noël, V. Novarina, Y. Pachet, C. Pennequin, V. Pittolo, C. Prigent, N. Quintane, J. Reda, M. Redonnet, T. Samoyault, J. Serena, J. Stéfan, E. vila-Matas. Ceci ne figure nullement dans les notes du journal du jour, enfin, n'y figurait pas, n'y figurera pas, pourquoi est-ce que je recopierais ces noms ? Pourquoi les ai-je recopiés ? Comme si on volait l'âme de l'autre en prenant une photographie. Peut-être parce que j'ai lu certains de ces auteurs, peut-être pour me rappeler qu'"Ecrire suspend l'arrêt de mort". hum... Ne pas écrire suspendrait quoi, alors ? l'arrêt de vie ? rehum... entre deux arrêts, vous pouvez observer sur votre gauche... "Tu ne vois pas que le blanc n'est plus le même à droite de la ligne qu'à gauche ?" - Matisse. Cette phrase, je l'ai trouvée dans un autre livre. Des mots dont on ne ressort pas avec le regard vide. Mais le regard plein d'envies de vie, de curiosité. Une histoire de couleurs, un chirurgien opère un peintre, les rouges se mêlent, s'emmêlent avec bonheur. De mots en mots, le peintre offre son regard au chirurgien avant de mourir. Les chapitres sont entrecoupés de paroles de peintre, de poètes, d'écrivains. "Que peut-on contre la mort ? Pas grand-chose, répond le chirurgien. Apprécier les couleurs de la vieillesse, répond le peintre. Et, si possible, finir en beauté." Ce livre, c'est Le peintre au couteau, d'Ollivier Pourriol (Grasset).
"J'ai essayé à ma façon de faire de la peinture abstraite. Et dans cette tentative, j'ai perdu complètement ma vérité personnelle." Zoran Music. Dire, ne pas dire, est-ce vraiment un choix ? Mes phrases ne font pas souvent les fières quand elles se retrouvent devant le précipice, comme des bulles d'univers avortés qui vont être dévorés par le trou noir du silence, divin attracteur. On dirait un suicide de lemmings. Le vide a faim. Seule la première phrase ne sera pas emportée, elle est la gardienne du feu, celle qui contient l'univers. L'unique témoin d'une vie qui se déroule... écrire ? Pourquoi ? peut-être simplement "pour être enfin son propre labyrinthe", dit Colette Fellous. Ce serait ma raison suffisante. Faut-il une raison ? On pourrait bien trouver maintes déraisons dans l'écrire, et cela suffirait aussi. Mais ce qui suffit ne suffit pas toujours, ne suffit jamais. Je reviens à cette première phrase, j'y reviendrai, elle commence des tas de livres. Toute une bibliothèque virtuelle de tome 1, 2, 3... avec juste une première phrase. Enigme, laquelle est la bonne, laquelle effraiera la page blanche ? Peut-être n'ai-je ni raison, ni déraison. Mais assurément, j'ai des premières phrases. Pfou, ces univers.... me faudrait les classer, peut-être que finalement j'aime en nourrir le trou noir du silence. Je suis mère nourricière.

24 février : les anémones, regards confidentiels, quelques photos...

20 février : travail photographique : sur le noir et blanc

Fécamp

Paris

Paris

les émergences... :

17 février : vernissage au Palais de Tokyo, hier, et comme toujours énormément de monde, surtout du côté du pot de bienvenue... Restaurant et bar, tout aussi saturés. Mais il fallait surtout noter la présence d'Orlan, venue présenter sa "pièce lumineuse". A voir sur place, le film retraçant l'évolution de son oeuvre. Ici la page que le Palais de Tokyo lui consacre, avec des clips à visionner.

Ci-dessus, ci-dessous, quelques variations sur l'ambiance du musée (recompositions faites à partir de photos prises hier), côté expo...

14 février : variétés et répétitions... cacophonie et surprises, la petite découverte du jour : ""Hashirigaki" est un voyage naïf et ludique, qui sidère bien plus qu’il n’exige de réfléchir, et dont on ressort vaguement hilare. Sans trop savoir pourquoi. Ou presque, car Hashirigaki est une pièce jouissivement maniaque sur la dépression, et la capacité de l’homme à associer, à imaginer, à rêver, pour s’en sortir." Hashirigaki, un délire de sons, de mots, de langues, d'imagination ; c'était le programme de l'Atelier de création radiophonique de F.C., de cette nuit.

Toujours sur France Culture, en hommage à Susan Sontag (critique, essayiste, romancière, novelliste,, dramaturge, metteur en scène de théâtre, cinéaste), décédée en décembre 2004, rediffusion de l'émission à Voix nue de janvier 2001, de lundi à vendredi, et une belle émission hommage, proposée par Philippe Forest, avec de nombreuses autres voix (A. Tabucchi, Tzvetan Todorov, C. Thomas, etc). "L'écrivain qui est en moi se méfie de la bonne citoyenne, de l'embassadeur intellectuel, de la militante des droits de l'homme... L'écrivain est plus sceptique, plus en prise au doute que la personne qui essaie de faire et de soutenir ce qui est bien.... La littérature, c'est le dialogue, la capacité de réaction. La littérature pourrait être décrite comme l'histoire de la capacité humaine à réagir à ce qui est vivant et à ce qui est moribond... Les écrivains sont des créateurs et pas des propagateurs de mythes... La littérature peut nous dire ce qu'est le monde..." (Susan Sontag). Un site : Susan Sontag, une femme d'exception.

13 février : les dessins de David

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composition orthogonale10 février : L'exposition Jean Hélion, qui se tient au centre Pompidou jusqu'au 6 mars 2005, est à voir absolument. Et surtout visionner le film de 48 mn, les mots viennent à Hélion avec bonheur et enthousiasme ("La puissante personnalité d'Hélion, son tensions circulaires n°2éloquence passionnée, sa façon de s'expliquer face à ses peintures, de raconter sa vie, son évolution, ses ambitions ; certains traits éminemment sympathiques du caractère de l'homme, sa fougue, sa générosité, son besoin d'être compris, défendu ; son goût pour la littérature et les écrivains : tout cela me fit bientôt entrer dans sa familiarité et celle de son entourage." - Francis Ponge (1980)*), il nous conte son histoire, ses débuts dans l'abstraction, la diagonale qui vient perturber l'espace occupé par les verticales et les horizontales, "tu es un peintre naturaliste", lui dit alors Mondrian, puis la courbe. La guerre, le retour en France, l'évasion portée par le désir de peindre des choses simples, des chapeaux, des chaussures, des mannequins, des objets, des femmes, des hommes, des scènes de la vie agrandir le journalquotidienne, "donner au monde le plus de bonheur possible". Les couleurs deviennent heureuses et généreuses. Des choux, des homards, "c'est bon le homard, mais c'est encore plus beau". Malaxer l'univers avec sa peinture. Donner à voir le beau dans le simple, la vie tout simplement. Voir ses triptiques grand format, il aurait voulu peindre dans une salle circulaire, s'entourer de la peinture, du monde qu'elle fait surgir. "Hélion travaille dans un atelier immense, sorte de gymnase désaffecté aux murs duquel sont accrochés des objets hétéroclites ... [...] Aucun [de ses tableaux] ne possèdent le moindre charme, la moindre trace de goût. Mais chacun triptyque du Dragonpossède un incontestable pouvoir hypnotique : on ne s'en détache pas facilement. [...] ...(Hélion, dont la tête bout comme une marmite, qui porte les stigmates de la misère mais dispose maintenant d'aunes de toile, qui est atteint d'une vraie rage d'expression...)", écrivait Francis Ponge en 1949*. Cette restrospective (tableaux, dessins et carnets) dure jusqu'au 6 mars. A lire le dossier pédagogique du Centre Pompidou. * (les deux citations de Francis Ponge sont extraites de ses Oeuvres complètes, parues dans la bibliothèque de la Pléiade.)

08 février 05 : extraits de notes en vrac : Philippe Forest et Kenzaburô Oé et Pascal Quignard --> le Japon, lieu "où se recueille la matière du jadis". Une manière d'écrire au fil de la plume, "le zuihitsu présente cette propriété de faire reposer la cohérence de sa forme sur un principe assumé de discontinuité". Ainsi La beauté du contresens, de Philippe Forest, est un livre passionnant, un regroupement d'essais et conférences de l'auteur sur la littérature japonaise, qui tire son titre d'un texte de Proust : "Les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère. Sous chaque mot chacun de nous met son sens ou du moins son image qui est souvent un contresens. Mais dans les beaux livres, tous les contresens qu'on fait sont beaux." - Contre Sainte-Beuve, M. Proust. A la recherche... Hier, je me sentais liquide, aujourd'hui, je suis sortie du contenant. Prise de notes... intimes. Le livre de Forest m'a fait ouvrir Sur le jadis, de Pascal Quignard, qui attendait patiemment sous une pile de livres à lire. Certes ma lecture en sera différente. Puis, là, près de moi, les Lettres aux années de nostalgie, de Oé. A propos d'Une affaire personnelle, un des premiers ouvrages de Oé, Forest écrit : "Il sait bien que l'homme est condamné à être libre, que chacun de ses choix engage la totalité de son être, que peut importe la gloire ou l'abjection, le mal ou le bien si l'individu se les donne à lui-même, en un geste tragique et souverain, que la fatalité ne nous ôte rien de la capacité à construire notre destin." J'ai beaucoup coché, je vais beaucoup relire.

Retour sur le site de Louise Merzeau ce matin : j'ai eu l'occasion de feuilleter son livre de photos en librairie, Au jour le jour. Et toujours sur son site, des photos comme je les aime, et des liens vers des sites de photos comme je les aime. Fraîcheur du quotidien.

Hier, décès du peintre Paul Rebeyrolle. Un article sur le blog de Pierre Assouline

Un site labyrinthe, Désordre. Une promenade, une errance. Il faut fouiller, lire les feuillets, choisir un livre dans les bibliothèques, ouvrir des dossiers, soulever le torchon, de liens hypertextes en liens hypertextes, nous voici arrivés devant une page de L'invention de la solitude, de Paul Auster, un clic, et voilà maintenant un extrait de Mythologies, de Roland Barthes... la liste des synonymes du mot désordre... quelques uns mènent en Enfer, d'autres sur d'autres sites. Fou, tout en écrivant ces mots, j'y ai encore passé près d'une demie-heure.

27 janvier :Ici. Ecrire comme ..... dessiner l'espace, l'ouvrir, se tenir prêt à franchir le seuil, se déplier, prendre possession, tendre ses muscles, tendres, comme une caresse, écrire. Improvisation. Le souffle est court, proche du soupir ultime. Comme si un trou là, dans l'instant, une déformation subite, le manque et le vide qui s'enfle autour, toujours le vide à ce moment-là, vide qu'on essaie de balayer d'un revers sans effet. Le geste est vain, le geste n'est pas car le vide n'est qu'une impression. Et moi dedans, tenant une clé imaginaire devant un trou, un oeil. Par la fenêtre de la chambre, je m'attarderais devant les bâteaux qui passent, je clignerais des yeux, aveuglée par le soleil d'hiver, je sommeillerais sur le pont du paquebot qui quitte .. Réveil. Pas de fenêtre ici de l'autre côté, sinon ce livre où je le vois écrire. Je l'imagine à ma place, ou plutôt je m'imagine à la sienne. C'est un peu pareil. Dans un cas le désert et la soif, ces mots, dans l'autre la source limpide, les siens. Le désert ne se plaint pas de ce qu'il est, et la source ignore où elle va. Je puise dans le monde jailli du mouvement de ses sens. Je suis, à l'écrire, avec sa traîne de monde derrière sa plume, majestueuse comète d'encre filant la trame d'un univers vibrant de l'énergie des mots, un monde de sang, de coeur, d'artères et de ruelles, un monde vivant, le sien, bouillonnement de salive, la mienne, où ses mots se télescopent, balbutient, deviennent une bouillie au bout de mes doigts qui jappent de bonheur devant le clavier comme un chien fait la fête à son maître. Un monde d'ivresse dans un tourbillon de calme, comme si je m'ordonnais de dormir, de tomber, léthargie et torpeurs, menant à l'éviscération des sentiments, au triomphe de la raison, au vide encore et ses mirages, mais aussi comme si mon corps était ouvert, et dedans une porte entrebaillée sur une chambre, une table recouverte d'une nappe de lumière, un cahier, et la chaise en dehors. Là, il est assis devant la fenêtre. Je le vois de dos, écrire de longues heures durant, avant que mon regard s'éloigne, la porte refermée, mon corps comme une écriture, là-bas. ...suite janvier

   

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